vendredi 5 mars 2021

1990-2000-2010-2020 : le temps des bilans

Cette période troublée invite au recentrage, à la clarification de ce que chacun attend de sa vie et des jours à venir. Durant toute l'année 2020, j'ai réfléchi à ce qui me pesait et à ce que je voulais changer dans mon fonctionnement à la fois personnel et professionnel. Petit à petit, des directions se dessinent, des décisions se prennent, le paysage se clarifie... 

En particulier, après la lecture d'un petit ouvrage très intéressant d'Austin Kleon Montrez votre travail !, j'ai pensé qu'il serait judicieux de faire vivre ce blog laissé un peu à l'abandon en y partageant plus régulièrement mes questionnements et mes cheminements de création, plutôt que d'y publier uniquement et, de loin en loin, le résultat fini de quelques projets. 

Alors, c'est aujourd’hui que ça commence ! 

La création artistique s'accompagne toujours de doute parce qu'il n'y a pas de recette, parce qu'il n'y a pas de résultat pré-déterminé, parce qu'il faut chercher sa voie propre, ce que l'on a à dire et comment le dire, en étant à la fois porté.e par des influences multiples et tout en s'en dégageant. Et pour celles et ceux, comme moi, qui moulinent beaucoup leurs idées, il est souvent difficile de mettre son cerveau en veille, et le doute qui va avec. 

En plus, mon parcours est loin d'avoir été direct et facile. J'ai pris beaucoup de chemins de traverse dans ma vie, j'ai exploré des univers variés et, dans le même temps, et bien que certains me répétaient "tu t'éparpilles !", je ne voulais rien abandonner. Aujourd'hui, même si je n'ai pas du tout l'impression d'être arrivée au bout de ce cheminement, je commence pourtant à distinguer que cet éparpillement, que certains me reprochaient, est en fait ma singularité. Cela me permet de rassembler des éléments différents et de les tricoter à ma manière. Je n'ai jamais aimé les étiquettes. Je n'ai jamais compris pourquoi on s'évertuait à faire entrer les choses de force dans une case alors que l'humain, et ce qu'il génère, est protéiforme, multiple, indomptable et que c'est justement cela qui lui apporte sa richesse, sa variété, sa créativité, son inventivité. 

Lorsque j'ai commencé mes études de Lettres, sans avoir su vraiment choisir entre la littérature, la philosophie et l'art, j'ai commencé un parcours du combattant parce que je ne me sentais jamais à ma place. En parallèle, je continuais à écrire, à peindre et à explorer, seule, tous les matériaux et les techniques qui me tombaient sous la main. J'ai aussi commencé à exposer et puis, au bout de quelques années de galère à la fac, j'ai pensé que je devais choisir pour réussir. Alors, j'ai coupé avec la création. Et je me suis coupée d'une part de moi-même. 

Certes, cela m'a permis de réussir mes études, de rentrer dans le moule tant bien que mal et, finalement, de trouver une place... pendant quelques années. Mais une fois que j'ai eu exploré ce domaine, je me suis vite sentie enfermée et, petit à petit, j'ai pris conscience de ce que j'avais sacrifié et des dégâts que ce choix avait causés en moi. 

Alors, un autre parcours du combattant a commencé : faire le clair en soi sur ce que l'on est et ce que l'on attend, faire des choix, prendre des risques, se jeter dans le grand bain et apprendre à nager toute seule. Voilà ce que je fais depuis 10 ans ! 

Apprendre à nager toute seule, ou à ne pas se noyer, on finit par y arriver, après avoir bu quelques tasses. Mais on ne nagera jamais comme quelqu’un qui a été pris en main, coaché, poussé et rassuré pour donner le meilleur de lui-même et prendre confiance en son potentiel.. On ne nagera jamais aussi vite et aussi bien, avec autant de confiance. Mais peut-être qu'au fond, ça n'a pas d'importance... même si c'est souvent difficile et douloureux à vivre. On doit nager et se coacher en même temps. Ce dédoublement incessant ne va pas de soi et alimente beaucoup le doute. Alors, il faut aussi trouver des stratagèmes pour contourner ce doute, pour le mettre en sourdine et pour prendre confiance, presque malgré soi. 

Je ne sais pas si ce que j'écris ici est très clair pour celles et ceux qui le liront, mais c'est le condensé, vécu de l’intérieur, du parcours que j'ai réalisé. Ça a duré 30 ans et j'ai sans cesse l'impression d'arriver chaque jour au monde comme si j'avais 20 ans... d'avoir tout à apprendre, tout à réaliser, tout à construire. Même si je sais, au fond de moi, que j'ai appris beaucoup... 

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