mercredi 13 mai 2015

Le silence de la montagne



Le silence de la montagne ouvre la brèche du ciel. L’air pur brûle le souffle.

Tu es resté dans la plaine, en bas, dans ces maisons minuscules comme des fourmis.

J’ai pris de la hauteur tout en brisant mon pas dans un glissement du sol.

Les fleurs abondantes m’auraient bien gardée auprès d’elles, 
abritant mon sommeil et mes rêves de pourpre effeuillée.

Mais je suis montée plus haut encore, dans les airs, 
pour voir la vie d’en bas si petite et lointaine.

Qu’ai-vu durant ce voyage ?

J’ai côtoyé les nuages, le vol des oiseaux, 
puis je suis redescendue sur le sol dur.

Mon retour fut brutal et douloureux.

La perte était mon langage. La peur et la souffrance aussi.


Dans les larmes, j’ai tutoyé les anges et réappris à marcher. 

mercredi 6 mai 2015

Cherche

Cherche
La voie la route
Des ronces des genêts
En fleur
Jaune est la lumière
Grande la lueur du chemin
Je vois au loin
Des pas dans mes pas
Lointains
Du passé revenus
Revenants groupés
Au fil de l’eau
Au long du chemin
Je me souviens

Tu es là
Debout au coin
De la rue du chemin
De la rivière
Les pieds dans la terre la boue
Tu piétines de sol
Les ondes montent dans tes jambes
Tes mollets ton torse
Les ondes te traversent
Tu vis tu sais
Tu ouvres grands les bras
Les yeux sur la connaissance
Ton oreille entend
Le bruissement des feuilles
Le froissement des herbes
Et du vent
Dans les branches
L’oiseau gazouille
En haut loin en haut
Dans le ciel azur
Ouvert large béant - vide ?
Frémissant
Large ouvert
Sur l’au-delà
Au-delà des branches
De l’oiseau de la rivière

Je suis debout
Les pieds dans la terre la boue
Le sable les pierres
Le gravier lèche mes orteils
Crisse sous la dent
De lait
La langue frétille
Langue de terre sous mes pieds
Dans les bras de la rivière

Je dors les yeux ouverts
Grands ouverts
Sur les prés l’azur
L’oiseau
La vie fourmille en moi
Pulse bourdonne s’éparpille
Dans mes sangs
Milliers de ruisseaux frétillants
De poissons argentés et luisants
De minuscules algues
Dansant dans l’onde
Et le courant

Je t’attends les pieds dans l’eau
Au courant de ma vie
Qui passe et roule et coule
Le long du chemin
Mon cœur est large ouvert
Aux abeilles bourdonnantes
Lourdes de soleil
Ivres de parfums de pollen
Ivres et dansantes
Au long du chemin

Les hautes herbes
Chantonnent et dansent
Dans le vent léger
Je t’attends au croisement
Du chemin
De la route
Et la rivière danse à mes côtés.

samedi 4 avril 2015

Nuit



La nuit enroule ses volutes
D’ébène autour de mes épaules
La nuit diffuse ses sombres
Lumières sur nos couches inquiètes


Jusqu’au matin qui pointe
Blafard derrière la porte
La nuit étreint mes pensées
Douloureuses les malaxe
Les pétrit les fait siennes


La nuit nous entre dans le cœur
Dans les membres engourdis
Lourds de peines de de fatigue
Et y dépose sa lie amère


D’une nuit à l’autre
Je me cogne aux recoins acérés
Je fonce aveugle sur les chemins
Encombrés je me meurtris
Aux ornières instables

samedi 28 mars 2015

La Nuit


La nuit est avancée déjà
Au bas des marches de pierre
Elle vient frôler mes rêves
Qui s’enroulent de sommeil


La nuit est avancée déjà
A pas de loup elle progresse
Sur la pointe des aiguilles en silence
Au plus sombre de mes yeux clos


La nuit est avancée déjà
Mes rêves s’entortillent
Autour de ma natte épaisse
Comme une corde de chanvre


mardi 3 février 2015

Dans mon jardin


Dans mon jardin
Tu as déposé
Des fleurs et des pierres
Que dois-je en faire ?

Dans mon jardin
Tu as mis tous mes rêves
En cage et les oiseaux enfuis
Où sont-ils ?

Dans mon jardin
La fontaine s’est tarie
L’eau a cessé de jaillir
Elle a disparu

Dans mon jardin
Les herbes ont envahi
Les parterres de fleurs
Et masqué leurs couleurs

Dans mon jardin
Je suis seule aujourd’hui
Mon amour est parti
Et je suis vieille aussi

Au bord de la falaise de mon cœur



Mon bien-aimé,
Si tu fais l’amour comme tu chantes,
Emporte-moi dans tes bras
Couvre-moi de baisers
A l’aune du vent léger, caresse ma peau
Plage immense, prairie en fleurs
Enlacée par le ciel bleu
Et les nuages de coton blanc

Les graines de pissenlits
Volètent dans l’air
Pendant que tes lèvres
Suivent la courbe de mon ventre
Au creux du vallon vert
Et du ruisseau qui murmure
Tes étreintes m’emportent
Dans une valse éblouissante
Ma tête tourne
Dans le ciel bleu
Et les nuages de coton blanc

L’herbe verte pour tapis
Tes mains courent sur mes hanches
Et ta langue pénètre les replis obscurs
Des sillons noirs retournés là-bas
De l’autre côté de la rive
De l’autre côté du chantonnement
De l’onde sur les galets luisants
Sous le ciel bleu
Et les nuages de coton blanc

Les éclats de soleil
Dansent dans les feuillages
Sur mes épaules nues
Au fond de tes pupilles
Mon amant délicat
Qui chante la vie la voix en équilibre
Au bord de la falaise de mon cœur
Sur la passerelle jetant ses bras
Au-dessus de la rivière
Impétueuse dans le ciel bleu
Et les nuages de coton blanc

Il avait le timbre rugueux
Sa voix comme des mains calleuses
Et subtiles agaçait ma peau
L’enflammait de mots d’amour
Et serrait mon petit cœur fragile
Mon petit cœur battant des paupières
En étouffant les sanglots
Qui venaient de l’enfance
D’un monde originel
Et indicible coulant en mon sein
Sous le ciel bleu
Et les nuages de coton blanc


lundi 2 février 2015

La plume court sur la feuille



La plume court sur la feuille
Mène sa danse saccadée
Tantôt libre tantôt stoppée
Dans l’attente du mot caché

La plume glisse sur la feuille
Patin acéré sur le miroir
De papier
En pirouettes retournées
Ou en larges arabesques
Elle trace son passage éphémère

La plume chante sur la feuille
Invente son langage inédit
Fleurie brutale ou fragile calligraphie
Elle lance ses trilles silencieux
Déploie sa voix étouffée