mardi 9 août 2016

Maria Penraat



Hier, j'ai animé un atelier d'écriture à Chantelle, 
à partir de l'exposition de peintures 
de Maria Penraat, peintre fauviste. 



Voici les textes que j'ai rédigés : 
le premier à partir d'un extrait d'une de ses œuvres
les suivants à partir de 2 autres de ses tableaux. 




L’homme était couché sous un ciel ensommeillé, cocktail de nuages en dégradé de bleus. 
Il semblait rêver… 
Une brise imperceptible dansait avec les frisures de la mer, moustaches d’écume sur les crêtes des vagues. 
Dans l’océan du ciel, le soleil, d’une lumière tremblante, jouait à cache-cache sa suite en ocre et bleu…
Et alors… ?



C’est l’été. C‘est le Sud.
La lumière, éclatante, fait plisser les yeux.
A l’ombre du pin parasol, je m’assois pour respirer l’air de la mer, la quiétude de cette fin d’après-midi.
A l’horizon, les montagnes se dessinent avec des reflets d’ocre rouge et de violet. Par-dessus, le ciel s’étale, immense, intense, vibrant.
La mer bruisse. Les collines bruissent. Les insectes, les oiseaux. Chacun y va de son babil.

C’est l’été. C’est le Sud.
Silence habité d’une fin de journée.
Douceur. Abandon. Communion.
Je suis la mer, l’air et le ciel. Je les respire. Je m’en emplis.
Ils sont moi. Ils sont en moi.
Et je suis en eux. 





    Elle se tourne et me regarde par-dessus son épaule, le regard questionnant ma présence, comme un intrus dans son espace intime, vital.
A quoi pense-t-elle vraiment derrière ce masque de couleurs vives ?
A quoi pensait-elle avant que je ne vienne ?
De quelles images sont peuplés ses rêves, son imagination, ses espoirs ?
Sous cette peau vibrante, dans les pulsations de ce cœur, dans les respirations de ce flanc, quelle vie secrète s’y développe ?
Qui est-elle ? 



mardi 15 mars 2016

La Chasse aux champignons


A partir de la réalisation d'un catalogue d'objet loufoques,
 que je vous montrerai dès que possible, 
voici un petit texte qui reprends certains de ces objets (en bleu) : 



Ce matin, à peine le soleil levé et coiffée de mon bonnet-radis-qui-pousse-à-l’envers, je suis partie à la chasse aux champignons. A la chasse aux champs, à la chasse aux champignons.

Pas plus loin que le bout de mon nez, j’ai rencontré un lapin enrhumé. Il m’a proposé des gélules à se poser des questions sans réponses mais j’ai préféré décliner : les gélules à se poser des questions sans réponses, c’est mauvais pour la sérénité. Et mon chemin, j’ai continué…

Mais après quelques enjambées et quelques embardées, mes pieds se sont échauffés pour de vrai ─ la bile peut-être bien ─  ou tout au moins le sang. Il faut dire qu’avec mes escarpins faux-jumeaux, il n’est pas simple de marcher dans une seule direction.
L’un voulait prendre à gauche et couper par le bois pour trouver des girolles. L’autre voulait continuer par la droite, dans les grands près qui longent la rivière à la recherche de mousserons.
Au bout du compte, le premier faisait les cent pas tout en dévidant le fil de ses récriminations, tandis qu’en écoutant vaguement et l’air absent, le deuxième tournait en rond.

Au loin, le long du pré, est passé un bouhoume qui a dû me trouver fort agitée du bocal en me voyant gesticuler comme une majorette déchaînée.

Et finalement, à force de piétiner ainsi dans la terre mouillée, mes escarpins se sont plantés comme deux bâtons tout embourbés et incapables de bouger. 

Je les ai laissés continuer à se disputer et j’ai poursuivi nus pieds ma chasse aux champi, ma chasse aux champignons.


                                                        

Chute



Dans la verdure
Et les pourpres
Le sol s’est soudain
Dérobé sous mes pieds
Glissant et escarpé
Raviné par les orages 
violents
Tu étais partie
Et je ne savais plus
Me tenir 
Debout

Instantanés



L’Homme à la pipe
A égaré son chapeau melon
Désinvolture

Une porte se referme
Sur la ruelle du mystère
Etrangeté

L’inconnu dans la rue
Me fixe droit dans les yeux
Liberté

Une éclaboussure de lumière
Baigne le soir – paysage orangé
Douceur

Les hautes fenêtres illuminées
S’habillent de tentures de rêve
Elégance

Le trait et la tige

à Alexandre Calder, 



Noir sur blanc droit devant
Je vais à l’inattendu
La tête dans les nuages
Marchant à l’aventure
Dans le souffle de l’air
Tiède frais récréatif
Métallique

Le son résonne sursaute
Joue à la balle
Contre les piliers de fer
Enchaînement éthéré
Dans le silence de l’air

Oscillation
Frémissement
Tendu
Composition abstraite
Muette ?
Sur fond de ciel

Je vais à l’inattendu
Chatouillant
Le géant aux pieds d’argile
Le coquin aux oreilles dressées
Le clown grotesque
Démantibulé

Je vais à l’inattendue
Légèreté


samedi 5 mars 2016

Mon étoile




Dans la joie
Je suis mon étoile
Je danse sous ses fils d’or et d’argent
Je chante son sillage
Evanescent
Je tourbillonne d’idées
Lumineuses
Je m’allège de la réalité
Pour voler dans les airs
De la créativité
L’éveil est mon credo
Voyage quotidien
Entre Terre et Ciel
Entre mondes cachés
Et énergie solaire
Dans la joie
Je suis mon étoile

Les roseaux


Un poème écrit à partir de cette photo : 




Les roseaux
Comme une forêt de bâtons
Aquatiques et graphiques
Dressés vers le ciel

Je m’y cache
Et je m’y découvre
─ A qui mieux mieux

Danse des lances de bois
Qui frisent le vent
Et écrivent sur les surfaces
De l’eau vague et miroitante

Je pagaie au milieu des signes
Langage codé
Encre de chine
Et plumes équarries

Je progresse à vue
Masquée ouverte
Possible occultée

Au rythme binaire
De l’encre sur fond blanc
Sur fond de lumière
Qui tire
La barque de nos souvenirs
Parmi les roseaux
Comme une forêt de bâtons

Calâme
Calme l’âme alarmée !

La calligraphie suit ton chemin
Humide
Dans les méandres marécageux
De nos pirogues fuselées

A ta suite, je pénètre
Les voies sombres
De l’écriture
Et des profondeurs
Ebènes
De nos non-dits de bois brûlé

Soleil rouge


Soleil rouge et étoiles bleues
La transparence des oiseaux
Flotte dans le jardin

Nos arbres chantent
La douceur du ciel
Comme les fontaines roucoulent

A nos pinceaux !
Couleurs et parfums
Jouent aux dominos
Pour redonner du swing
Aux papillons éparpillés

mercredi 2 mars 2016

Jour d'hiver



Jour d’hiver
Gris de plumes et d’étain
Arbres dressés
Et ruban d’asphalte

Derrière les montagnes
Une trace de poudre rose
S’estompe
Crayeuse
Dans les nuages d’un gris bleuté
Douce fumée tourterelle

Trouée de lumière
Les rais descendent obliques
Sur les prés humides
Saisis de fraîcheur